A Cotonou, comme dans la plupart des villes africaines, l’alimentation de rue et la petite restauration populaire constituent des éléments emblématiques du paysage alimentaire urbain. Malgré l’importance de ces activités, nous estimons à plus de 2600 le nombre de productrices de ata et de abobo à Cotonou, il s’agit d’un secteur d’activité trop peu soutenu. Pire encore, ces artisanes sont souvent victimes d’opérations de « déguerpissement », elles sont chassées des trottoirs et de l’espace public où elles exercent leurs activités.

C’est sur la base de ce constat que les chercheurs et les artisanes productrices de ata et de abobo membres de la plateforme Aïdoté ont initié depuis plusieurs mois une recherche-action sur la transformation de l’identité visuelle de leurs activités dans l’espace urbain et sur l’amélioration de leur dispositif actuel de production et vente. De ces échanges est née l’ambition de concevoir un dispositif de cuisine mobile. Cette unité mobile de production-vente de Ata devra contribuer à affirmer une identité visuelle valorisante et à promouvoir leur produit qui participe du patrimoine culinaire de la ville de Cotonou. Il doit aussi permette aux artisanes d’exercer dans un environnement de travail propre, fiable et plus durable.

Le principe fondamental de notre démarche repose sur la nécessité d’impliquer les productrices de ata, qui sont les futures utilisatrices, le plus tôt possible dans le processus de conception qu’il s’agisse d’un nouveau procédé, d’un nouvel équipement ou d’un nouveau produit. Au cours du dernier trimestre 2019, avec l’appui des chercheurs, les productrices de ata membres de la plateforme Aïdoté ont imaginé l’organisation d’une unité mobile de production-vente. C’est sur la base d’un premier schéma de conception qu’a été confié à la Société Atingan de Cotonou, la fabrication du premier prototype d’unité mobile. Ce prototype a été exposé à l'occasion de la journée du niébé du 4 décembre 2019 à Cotonou.

Le test qui s'est déroulé le 05/03 a permis d’observer deux artisanes productrices de ata en situation concrète d’utilisation de l’unité mobile. Il s'agissait pour elles d’identifier les difficultés réelles qu’elles rencontrent, les erreurs ou défauts de conception ainsi que les points d’amélioration. Après utilisation, les deux artisanes ont été interviewé afin de recueillir leur point de vue sur les principales fonctions et sur l'ergonomie de cet équipement (mobilité, nettoyabilité, rangement des produits et ustensiles, préparation des aliments (battage de la pâte), cuisson des beignets de niébé, présentation des produits finis). Les performances du foyer amélioré de l'unité mobile, qui utilise des coques de noix de palme, ont été mesuré. Avec ce type de foyer, fabriqué par la Société Atingan , une économie potentielle de 50% du coût de consommation énergétique est envisageable par rapport l'utilisation habituelle du bois sur les foyers ouverts habituellement utilisés par les femmes. L'autre impact positif de l'utilisation de ce type de foyer est l'absence de dégagement de fumées toxiques comme c'est le cas avec l'utilisation du bois. D’après les données disponibles (OMS et PNUD, 2009), la fumée provenant du bois énergie utilisé pour la cuisine serait responsable de 500 000 à 700 000 décès prématurés chaque année en Afrique subsaharienne.

Ce premier test a également permis des échanges directs entre artisanes, chercheurs et techniciens de l'entreprise Atingan. D'autres tests d'utilisation sont en cours de réalisation. Ils permettront de faire évoluer le cahier des charges de l'unité mobile de production-vente de ata et contribueront à sa reconception.

La Mairie de Cotonou est très intéressée par cette intervention concrète qui contribue à transformer l’identité visuelle de cet artisanat dans l’espace urbain et à améliorer sa durabilité. Elle pourrait accompagner le développement de l'équipement.